Commentaire
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La fable est nettement divisée en deux parties : la première est consacrée à l’édit royal, mis en valeur dès le premier vers par les mots convenus « De par le roi », quatre monosyllabes éclatants. On croit entendre le roulement de tambour du messager qui proclame la volonté royale dans les rues et sur les places publiques. La majesté du Lion est affirmée d’emblée, dès le premier vers, ainsi que sa primauté sur les autres animaux : « De par le Roi des animaux ». Le deuxième vers, lui, introduit immédiatement deux mots inquiétants : d’une part le mot « antre », qui désigne un lieu profond, caverneux, mystérieux, associé à des fauves ou à des serpents, n’a rien de très rassurant ; d’autre part l’adjectif « malade » place la royauté sous le signe d’un dérèglement, d’un trouble, d’un déséquilibre. C’est donc pour rassurer ses « vassaux », mot dont l’emploi réaffirme les relations de domination-obéissance, que le « passe-port » royal promet une protection contre « la dent » et « la griffe ». Force est de constater justement que ce sont ces attributs pointus, dangereux, violents, menaçants, que l’édit met en lumière ; et l’on remarque enfin que la promesse affichée de bien traiter les Députés est publiée de manière impersonnelle (« fut fait savoir ») tandis que la « parole » donnée, « Foi de Lion », n’est précisément pas donnée