Cet extrait du chapitre IX de l’Ingénu offre des ingrédients du conte philosophique. Tout d’abord, ce texte se présente comme un récit simple, dynamique, allant à l’essentiel. En effet, Voltaire refuse toute description du type romanesque, seuls quelques détails inscrivent le texte dans la Société. Les personnages n’ont pas de descriptions physiques ou de valeurs définies. Le lieu n’est pas ici décrit, « Dans la Cour », ainsi que le château dans lequel se présente l’Ingénu. De plus, le Roi n’a pas de propre identité, « voir le Roi ». Cette absence de dimension spatio-temporelle inscrit ce texte dans l’universel. Le rythme est alerte ; les successions d’actions montrent la rapidité de la scène. Les verbes d’action « débarque », « les battit » démontrent également la brutalité de l’Ingénu. Certains passages sont dialogués ; les paroles de l’Ingénu sont apportées au style direct afin de montrer l’incompréhension et le désespoir de l’Ingénu : « Moi ! ». En outre, les phrases exclamatives permettent au lecteur de vivre cette scène et de la rendre plus attrayante. Le présent de narration, tout au long de ce chapitre, permet à Voltaire d’inscrire cette scène comme générale, et de s’adresser au lecteur. En effet, Voltaire a pour but que le lecteur s’interroge sur la puissance intemporelle du Pouvoir. Ce présent permet également de montrer cette scène de façon universelle ; « débarque », « rient ». (Encore aujourd’hui, l’influence du pouvoir est d’actualité et pose une problématique.) Enfin, comme souvent dans le conte Voltairien, l’intervention du hasard semble essentielle et remplace le merveilleux que l’on aurait pu trouver dans Candide, véritable conte philosophique quant à lui. Cette intervention crée un registre comique à ce chapitre. En effet, l’Ingénu rencontre un homme de sa province par hasard. Ce dernier est «ravi de trouver un brave de sa province, qui ne paraissait pas au fait des usages de la Cour ». La périphrase est comique ; elle ridiculise