commentaire
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
Annonce des axes
Commentaire littéraire
I. Le voyage symbolique
La structure du poème souligne une double progression dans le temps et dans l'espace, et un itinéraire mené avec détermination.
a) La progression dans le temps
Le poème débute par l'indication insistante du moment du départ (tout le vers 1 : trois notations de temps formant un groupe ternaire selon le rythme 2/2/8). Il se termine au crépuscule comme le souligne la métaphore du vers 9 ("l'or du soir qui tombe"). Le voyage occupe ainsi une journée entière sans interruption, à travers un paysage aux aspects variés.
b) La progression dans l'espace
Elle est exprimée par une série de compléments de lieu soulignant le passage, et la succession des paysages différents (anaphore de "j'irai par", énumération des éléments de la nature "par la forêt", "par la montagne"). On peut noter le caractère vague, sauvage et difficile de l'itinéraire suivi. Dans la strophe 3 le changement de paysage (il devient maritime et fluvial, ce que suggèrent "les voiles", et le nom propre "Harfleur") souligne indirectement la progression temporelle. Le mot " tombe " marque le point d'aboutissement, jusque-là inattendu.
c) L'itinéraire suivi avec détermination
L'itinéraire est exprimé par l'emploi de verbes de mouvement ("je partirai", "j'irai", "je marcherai", "j'arriverai"). Leur ordre marque le départ et l'arrivée,