Commentaire du monologue d’Hermione Acte V, scène 1

Au théâtre, un monologue est une scène où un acteur est seul et parle pour lui-même à voix haute pour être entendu des spectateurs. La place du monologue dans l’intrigue est déterminante pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Confrontant le personnage à ses propres pensées, le monologue apparaît comme une pause nécessaire à l’action et permet à celle-ci de se relancer. Ainsi, la scène 1 de l’Acte V d’Andromaque, tragédie racinienne, composée en 1667, est un monologue d’Hermione. Restée seule, elle s’abandonne aux mouvements désordonnés de sa passion. Eperdue, elle vit un conflit qui la rend malheureuse et, bien entendu, furieuse et impuissante. Or, l’amour d’un seul côté mérite-t-il tant de chagrin ? Le commentaire de cette scène s’attachera à mettre en évidence le dilemme d’Hermione, ainsi que la situation tragique vécue dans ce monologue.

En tête de ligne, le monologue reste une technique irremplaçable pour mettre en exergue la complexité sentimentale du personnage racinien, ceci est appuyé par le registre dramatique propre au tragique.

D’emblée, le dilemme d’Hermione est remarquable dès les premiers vers. Hermione manifeste clairement son trouble devant ce choix délicat. Une série d’interrogations le souligne (v. 1393 et 1394). Notons bien la dimension symbolique donnée, en représentant la faiblesse d’Hermione, incapable de fixer son esprit et d’adopter une de conduite. Ceci est justifié par les allégories « quel transport me saisit ?», « quel chagrin me dévore ?». De même, une sorte d’insistance sur le caractère éperdu du personnage met en exergue le trouble de ses sentiments. L’anaphore au vers 1394 avec « Quels » et au vers 1398 avec « Sans » en est un bon exemple. Aussi, les humiliations qu’a subies Hermione pour l’amour de Pyrrhus sont mises en relief, à travers la métaphore « de quel œil il m’a congédiée » (v. 1397). L’héroïne est évidemment au comble