Commerce extérieur
Tunis, 22-23-24 juin 2000
L'ouverture commerciale est-elle mesurable ?
Jean-Marc Siroën,
CERESA, Université Paris Dauphine
Depuis une dizaine d'années le nombre de travaux empiriques visant à mettre en évidence une relation entre l'ouverture commerciale et la croissance a considérablement augmenté. Cette profusion s'explique un double défi, théorique et empirique. D'une part les "nouvelles" théories du commerce international et de la croissance endogène proposaient de nouveaux gains à l'échange en terme, notamment, d'économies de dimension et de diffusion technologique. Mais elles soulignaient aussi les ambiguïtés de l'ouverture sur la convergence économique. D'autre part, l'analyse factuelle s'interrogeait sur l'hétérogénéité des performances des économies en développement -"miracle" asiatique, stagnation latino- américaine, désastre africain-. Les politiques de développement n'avaient-elles pas une influence déterminante sur les performances économiques des pays ? Les retards constatés n'étaient-ils pas imputables aux limites des stratégies passées de substitution aux importations ?
Il s'agit donc d'établir une relation entre le développement et l'ouverture commerciale. De fait, la quasi-totalité des études conclut bien à l'existence d'une relation positive /
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. Encore faut-il que la mesure de ces deux grandeurs ne conduise pas à des résultats ambigus. Les études empiriques sont-elles réellement en mesure de trancher aujourd'hui un débat aussi vieux que l'économie sur les "bonnes" politiques de croissance ? Un certain nombre d'auteurs (Pritchett,
1996 ; Rodrik, 1995 ; Rodriguez & Rodrik, 1999) émettent des doutes qui portent moins sur l'existence et le sens de la relation entre l'ouverture commerciale et le développement mais sur la robustesse des conclusions empiriques réalisées dans les années 1990. Les flux d'échange ne sont pas la seule conséquence mécanique des politiques et, en