Commerce france etats unis 1940
Entre la débâcle de juin 1940[i] et le débarquement en Afrique du Nord de novembre 1942[ii], la France de Vichy, théoriquement pays neutre et souverain, n’avait pas de raison de rompre tous ses liens commerciaux avec la première puissance économique mondiale, longtemps neutre elle aussi. Mais il s’avéra rapidement que le moindre flux de marchandises échangé entre ces deux « neutres » qui n’en étaient pas réellement, était en réalité un élément du vaste jeu qui se déroulait sur l’échiquier de la guerre mondiale.
Les interrogations de juillet 1940.
Jusqu’à la fin des années 30, la France, traditionnellement protectionniste[iii], réalisait environ la moitié de ses échanges avec ses propres colonies[iv]. Depuis 1933, et la division du monde en blocs monétaires et commerciaux, ses échanges avec les Etats-Unis, leaders du « bloc dollar » alors qu’elle faisait partie du « bloc-or », étaient devenus de plus en plus réduits. Les inquiétudes liées à la menace croissante des Nazis avaient cependant amené, dès 1938[v], un infléchissement. Malgré l’isolationnisme affiché des Américains, les démocraties occidentales sentaient bien que, en cas de conflit, comme cela avait été le cas en 1917/1918, seule la puissance américaine pourrait leur permettre de faire pencher la balance. Quant à Roosevelt, malgré l’opposition de milieux d’affaires isolationnistes ou germanophiles disposant d’importants lobbies à Washington, il multipliait les signes d’encouragement à la résistance face au totalitarisme. En 1939, la loi « Cash and Carry », si elle réaffirmait la neutralité américaine[vi], permettait aux Franco-anglais, maîtres des mers, de puiser dans l’immense potentiel industriel des Etats-Unis. Dès septembre 1939, d’importantes livraisons militaires, chapeautées par Raoul Dautry, ministre français de l’armement, quittaient les Etats-Unis à destination de la France. Elément clé,