Communication politique et legitimité
PAR
François RANGEON Professeur à l'Université d'Amiens
La communication politique se trouve aujourd'hui dans une situation paradoxale. D'un côté, elle se présente comme un véritahle mot d'ordre général: en politique comme ailleurs, tout responsahle se doit de communiquer. Pour se montrer efficace, il doit faire preuve de son hahileté à maîtriser les nouvelles techniques de communication, recourir au marketing politique, à la publicité politique et se faire conseiller par des professionnels des médias. Autrement dit, la communication politique serait la manière moderne de faire de la politique, les réfractaires se voyant qualifiés de rétrogrades. Dans ces conditions, on pourrait penser que, parée de toutes les vertus, la communication politique soit reconnue comme une activité "légitime". Or il n'en est rien. D'un autre côté en effet, la communication politique est dénoncée. De multiples reproches, y compris les plus contradictoires, lui sont adressés. De plus en plus coûteuse, elle renforcerait l'inégalité entre les candidats et susciterait la recherche de fmancements douteux. Par son simplisme et son caractère unilatéral, elle dénaturerait le déhat démocratique en empêchant, ce qui est un comhle pour la communication, toute discussion réelle. Par ses excès, elle engendrerait la cacophonie, le "tautisme"l , trop de communication finissant par tuer la communication. En outre, et ce n'est pas le moindre, elle aurait le défaut d'être nouvelle, c'est-à-dire de rompre "avec ce qu'a été, très longtemps, la tradition de la campagne électorale en France"2. Comme toute activité nouvelle, elle doit ainsi construire sa crédibilité afin d'assurer sa légitimité. Par "légitimité" nous entendons, à la suite de Max Weher 3 , "l'état de ce qui
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"LEGITIMITE"
est justifié d'exister"4 et qui est admis comme tel. Ce sens très général permet de distinguer deux types de légitimité. Est d'une part légitime une activité qui est a