De l'art (et du coût) d'éviter la politique – La démocratie du talk-show version française de Erik Neveu est un article extrait de la revue Réseaux n° 118 de 2003. Cet article tente d'expliquer les changementsd'intervention du personnel politique après la « disparition des grands rendez-vous politiques réguliers1 » à la fin des années 1990. L'auteur explique que le premier changement se fait au travers des journaux télévisés ou les politiques interviennent sur les sujets politiques les concernant. L'évolution majeure s'observe en 2000 lorsque les représentants politiques commencent à s'exprimer sur lesplateaux de talk-show qui fleurissent sur toutes les chaines hertziennes et thématiques. Le déclencheur de cet infotainment à la française étant Michel Drucker qui à partir de septembre 1999 invite des dirigeants politiques dans son émission Vivement dimanche2.
Ainsi, Erik Neveu essai de démontrer dans cette article les changements intervenus avec cet accroissement de L'infotainment. Il partdonc d'un échantillon de quinze émissions de Thierry Ardisson, Michel Drucker et Marc-Olivier Fogiel3 afin de déterminer le fonctionnement et les justifications de ces programmes, et de nous éclairer sur leur perception dépolitisante.
Les points communs :
Le premier élément commun aux trois émissions étudié par l'auteur est la décontraction comparée à la norme des émissions politiques aujourd'huidisparues. Cette décontraction s'opère à différents niveaux :
On assiste tout d'abord à l'abandon du traditionnel costume/cravate autant chez les présentateurs que chez leurs invités. Erik Neveu explique cet assouplissement des codes vestimentaires en s'appuyant sur l'analyse de Elias et Wouters4 qui pensent que cet abandon entre dans un « processus d'informalisation » et dans une« démocratisation fonctionnelle » ce que Neveu traduit par un « processus de civilisation » et une « réduction des écarts sociaux qui sont symboliquement euphémisés ».
Cette décontraction passe par l'abandon du formalisme des titres pour l'utilisation du prénom (Chez Fogiel et Ardison), certains présentateurs (Laurent Baffie) allant jusqu'au tutoiement. Pour Michel Drucker il n'y a pas d'utilisation intensive duprénom mais un vouvoiement sans maque de distance.
Ardison désacralise l'invité en le faisant participer aux rituels de son émission.
Le dernier point qui marque cette décontraction est l'utilisation d'un vocabulaire argotique ou relâché (qui n'est pas une règle) mais qui est du au cadrage du débat qui sollicite le registre de l'émotion plus que le discourt politique.
Ce dernier point nousamène à une autre tendance de ces émissions, qui est la mise à l'écart du discourt politique. Le programme Vivement Dimanche de Michel Drucker est l'exemple le plus parfait de cette rupture. L'auteur s'appuie sur un entretien de Drucker avec D. Schneidermann où le présentateur explique que l'idée de cette émission lui est venue lors de la fête des cinquante ans de Paris-Match en voyant des...