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Beaumarchais
Comédie (1784)
Édition présentée, annotée et commentée par Marion MARTIN-SUHAMY, ancienne élève de l’École normale supérieure
1
Vers le bac
Àl’écrit
Objet d’étude : le comique et la comédie ; le théâtre : texte et représentation.
Corpus bac : maîtres et valets.
TEXTE 1 : Le Tartuffe ou l’Imposteur, (1669), Molière. Acte II, scène 2 (extrait).
Alors qu’Orgon s’adresse à sa fille Mariane pour l’informer du mariage qu’il a projeté entre elle et
Tartuffe, Dorine, la servante d’Orgon, exprime sa réprobation.
DORINE
Votre honneur m’est cher, et je ne puis souffrir
Qu’aux brocards1 d’un chacun vous alliez vous offrir.
ORGON
Vous ne vous tairez point ?
DORINE
C’est une conscience
Que de vous laisser faire une telle alliance.
ORGON
Te tairas-tu, serpent, dont les traits effrontés... ?
DORINE
Ah ! vous êtes dévot, et vous vous emportez ?
ORGON
Oui, ma bile s’échauffe à toutes ces fadaises,
Et tout résolument je veux que tu te taises.
DORINE
Soit. Mais, ne disant mot, je n’en pense pas moins.
ORGON
Pense, si tu le veux, mais applique tes soins
À ne m’en point parler, ou... Suffit.
(Se retournant vers sa fille.)
Comme sage,
J’ai pesé mûrement toutes choses.
DORINE
J’enrage
De ne pouvoir parler.
(Elle se tait lorsqu’il tourne la tête.)
ORGON
1
Brocards : railleries offensantes.
2
Sans être damoiseau,
Tartuffe est fait de sorte...
DORINE
Oui, c’est un beau museau.
ORGON
Que quand tu n’aurais même aucune sympathie
Pour tous les autres dons...
(Il se tourne devant elle, et la regarde les bras croisés.)
DORINE
La voilà bien lotie !
Si j’étais en sa place, un homme assurément
Ne m’épouserait pas de force impunément ;
Et je lui ferais voir bientôt après la fête
Qu’une femme a toujours une vengeance prête.
ORGON
Donc de ce que je dis on ne fera nul cas ?
DORINE
De quoi vous plaignez-vous ? Je ne vous parle pas.
ORGON
Qu’est-ce que tu fais donc ?
DORINE
Je me parle à moi-même.
ORGON
Fort bien. Pour châtier son insolence extrême,
Il faut que