Concentration et concureence peuvent elles coexister
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L'objection qu'on a cent fois opposée à cette théorie, c'est qu'en renonçant à justifier les principes de la science, elle laisse la science elle-même dans l'incertitude; qu'elle se limite à un monde d'apparences et n'atteint pas l'être véritable, qu'elle est une abdication de l'esprit humain. Mais si nos prétentions à atteindre l'absolu sont vaines, il vaut mieux renoncer à connaître l'inconnaissable que nous faire illusion et nous payer de mots. Pour justifier les principes de la science, il faudrait trouver des vérités plus incontestablement certaines que la science elle-même : et jusqu'ici il ne paraît pas qu'on y soit parvenu. Mais peutêtre n'est-il pas nécessaire de renoncer à ces hautes ambitions. Il est probable que rien n'empêchera jamais l'esprit humain de poser les grands problèmes de la métaphysique. Mais il peut essayer de les résoudre en appliquant la même méthode qui lui a si bien réussi dans les sciences : je veux dire en faisant des hypothèses dont la règle suprême est de concorder avec les faits. La métaphysique ainsi envisagée ne prétend plus tenir les autres sciences sous sa dépendance; sans les régenter, elle les complète et les achève. Elle ne se fait pas d'illusions sur la nature des connaissances qu'elle atteint; c'est de propos délibéré qu'elle substitue la croyance à la certitude et le probabilisme au dogmatisme. Enfin, si on songe que les sciences inductives tendent de plus en plus à devenir déductives, que la physique se rapproche chaque jour davantage de la mathématique, rien n'interdit d'espérer qu'un jour viendra où l'esprit humain, par le progrès des sciences positives, sera capable de dégager les vérités primordiales d'où tout dérive. Le rêve de l'ancien dogmatisme serait alors réalisé ; la science, par une marche inverse de celle qu'elle a si longtemps-suivie, deviendrait ce qu'elle a cru qu'elle était. Mais si ce retour est possible, c'est à la condition que la science ait parcouru jusqu'au bout la vois dans laquelle elle est