Concentration et concurence peuvent elles coexister?
Contribution pour le rapport UNESCO Construire des sociétés du savoir
Introduction à l’économie de la connaissance
Bruno Amable (Université Paris 10 et Cepremap) Philippe Askenazy (Centre National de la Recherche Scientifique et Cepremap)
« Le savoir est le pouvoir », Francis Bacon Meditationes Sacrae (1597)
Résumé :
L’attention récente portée à l’économie de la connaissance est liée à l’importance croissante des activités de recherche et d’éducation dans l’économie mondiale. Cette augmentation de l’intensité en connaissances concerne aussi les technologies associées de l’information et de la communication (TIC). L’économie de la connaissance se définit alors comme un stade du capitalisme où se généraliserait un modèle productif particulier organisé autour des complémentarités organisationnelles et technologiques entre les TIC, le capital humain des agents susceptibles d’utiliser ces technologies et une organisation réactive de la firme qui permettrait la pleine utilisation du potentiel de productivité des deux premiers éléments. Les réseaux tendraient à se substituer aux catégories plus classiques d’organisation des marchés. Mais, plutôt qu’une révolution, l’économie de la connaissance recouvre des mécanismes du développement économique étudiés depuis les auteurs classiques. De plus, l’économie de la connaissance n’est certainement pas l’« eldorado » promis, elle bute sur le problème de l’asymétrie d’information, qui ne peut pas être intégralement résolu par les TIC. Par ailleurs, seul un optimisme technologique sans borne mènerait à la conclusion que la diffusion des TIC peut mener les pays du sud à rattraper les pays du nord. La diffusion de ces techniques se comprend en complémentarité avec des changements organisationnels et surtout l’augmentation des compétences des individus. Un seul de ces éléments transplanté dans un contexte différent ne peut suffire à enclencher une dynamique vertueuse. Ceci devrait mettre en garde contre l’aspect