Conflit colombien
LE CONFLIT COLOMBIEN
ACTEURS, ENJEUX ET PERSPECTIVES
PAR
Pierre HUPET et Fabio Humberto GIRALDO JIMENEZ
L’année 2008 laissera-t-elle dans la mémoire collective colombienne le souvenir d’un « début de la fin », comme s’emploient à le répéter les autorités, impatientes d’engranger les bénéfices de la politique répressive promise dès 2002 par Alvaro Uribe, alors candidat à l’élection présidentielle, et menée depuis par le même, élu en 2002 et réélu en 2006 ? Plusieurs événements d’ordre militaire et politique plaident en ce sens : la mort, violente ou naturelle, de plusieurs dirigeants historiques des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ; le succès incontesté de plusieurs opérations d’envergure menées par les forces gouvernementales contre les infrastructures déployées par les groupes rebelles en territoire colombien, voire à l’extérieur du territoire national ; l’affaiblissement qui en est résulté pour les FARC, en terme de communication entre ses différents fronts opérationnels et au sein même de sa hiérarchie ; le renforcement graduel du sentiment de sécurité dans certaines portions du territoire national, désormais (re)conquises par l’Etat au moyen notamment de sa politique, controversée, dite de « sécurité démocratique ». L’année 2008 laissera-t-elle au contraire le sentiment mitigé d’une sorte de « déjà vu », alimenté par le constat récurrent d’une violence brutale entre des acteurs que tout oppose, intérêts et valeurs, mais aussi référents identitaires et perceptions du monde, et qu’aucun processus de paix n’a pu accorder, jusqu’ici, ne fût-ce que sur la méthode et l’agenda du rapprochement ? Plusieurs éléments, tout aussi marquants, le suggèrent avec insistance : persistance, voire recrudescence par endroits, des accrochages entre forces de tous bords ; persistance, dans le chef des