Conspiration, george sand
LA REVUE DE PARIS, Novembre-décembre 1921 UNE CONSPIRATION EN 1537
SCÈNE HISTORIQUE INÉDITE DE GEORGE SAND
AVANT-PROPOS Vers 1831, à l'époque où George Sand, arrivée depuis peu à Paris, faisait, avec l'aide de Sandeau, son apprentissage dans le métier d'écrivain et cherchait sa voie, en s'essayant tour à tour dans divers genres, elle s'avisa de composer une scène historique. La faveur du public se portait depuis quelques années de ce côté Ludovic Vitet avait fait paraître avec un grand succès, de 1826 à 1830, trois scènes historiques, empruntées à des épisodes des guerres de religion, les Barricades, les États de Blois, la Mort de Henri III ; et la Revue de Paris, par qui George Sand rêvait de se faire imprimer, en avait oublié deux, au cours de la seule année 1830, le Camp de Compte, de Loève-Veimars, et les Mécontents, de Prosper Mérimée. Elle eut tôt fait de découvrir, dans les Chroniques florentines de Benedetto Varchi, un sujet dramatique et neuf c’était l'aventure de Lorenzo de Médicis, -Lorenzaccio-, qui, vivant à la cour du duc Alexandre, son cousin, avait, par une longue et savante dissimulation, gagné la confiance de celui-ci et préparé le guet-apens où le tyran de Florence devait trouver la mort. Le vieux chroniqueur s'était plu à narrer cette histoire avec un tel luxe de détails qu'il était presque inutile d'ajouter à son récit. Il suffisait de le découper en tableaux et de le mettre en dialogues. George Sand s'y employa avec beaucoup d'habileté, et l'œuvre qu'elle sut en tirer, Une conspiration en 1537, pouvait honorablement soutenir la comparaison avec les meilleures productions du genre. Cependant, soit que l'auteur ne la jugeât pas pleinement réussie à son gré, soit qu'aucune revue n'ait consenti à ce moment à l'accueillir, elle ne parut point. Quelques années s'écoulèrent. Lorsqu'en 1833, vint la liaison avec Musset, les deux écrivains eurent tout naturellement la pensée de se communiquer leurs