Contemplations
La dimension biographique : le parcours du recueil la dessine qui va de l' "aurore", métaphore si banale qu'elle en est presque un cliché, poèmes chantant le bonheur de vivre, la jeunesse, à la vieillesse qui dépose tout homme "au bord de l'infini", le laissant face à à sa prochaine disparition, tentant de trouver des réponses à l'angoisse qui l'envahit nécessairement alors. Mais elle s'inscrit aussi dans la datation et la localisation de chaque poème. Ces dates sont le plus souvent fictives, correspondant non point à un moment précis de la rédaction mais au contexte dans lequel il faut inscrire la lecture du poème. Ainsi tous les poèmes d' "Autrefois" sont-ils censés avoir été écrits avant 1843, ce qui est loin d'être le cas. On peut noter que dans "Aurore" dominent les mois heureux, d'avril à août, comme dans "L'âme en fleurs" dont le thème dominant est le sentiment amoureux, la date est gommée au profit d'un uniforme "18.." comme si l'évocation du bonheur amoureux devait se propager dans un temps indéterminé, ne pouvait être assigné à un moment précis de l'existence, parce que la leçon qui en doit être retenue se lit, comme l'inscrit le dernier poème de cette section, dans "Aimons ! c'est tout." Tous les livres déploient le thème majeur du recueil, l'amour, sous toutes ses formes, de l'amour passion à la charité en passant par l'amitié et l'amour paternel, sans négliger l'amour comme vitalité à l'oeuvre dans toute la nature, y compris les espaces intersidéraux.
Parmi ces poèmes d'une vie qui croît, se développe, se transforme, on retiendra les poèmes consacrés aux enfants, à la famille, au souvenir de la disparue, aux enfants du poète, les deux garçons (Charles et François Victor) et les deux filles (Léopoldine et Adèle, par ex. le délicieux "Mes deux filles", I, 1,3), mais aussi à sa propre jeunesse ('A propos d'Horace", I, 1, 13 ou "Aux Feuillantines", II, 5, 10).
Sa fille Adèle notait dans son Journal, à la suite d'une