Contes du jours et de la nuit
Guy de Maupassant
1885
TABLE DES MATIÈRES
À PROPOS DE CETTE ÉDITION ÉLECTRONIQUE
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Le crime au père Boniface1
Ce document est la propriété exclusive de Juliette Camara (juliette.camara@gmail.com) - 30 septembre 2012 à 10:57
Ce jour-là le facteur Boniface, en sortant de la maison de poste, constata que sa tournée serait moins longue que de coutume, et il en ressentit une joie vive. Il était chargé de la campagne autour du bourg de Vireville, et, quand il revenait, le soir, de son long pas fatigué, il avait parfois plus de quarante kilomètres dans les jambes. Donc la distribution serait vite faite ; il pourrait même flâner un peu en route et rentrer chez lui vers trois heures de relevée. Quelle chance ! Il sortit du bourg par le chemin de Sennemare et commença sa besogne. On était en juin, dans le mois vert et fleuri, le vrai mois des plaines. L’homme, vêtu de sa blouse bleue et coiffé d’un képi noir à galon rouge, traversait, par des sentiers étroits, les champs de colza, d’avoine ou de blé, enseveli jusqu’aux épaules dans les récoltes ; et sa tête, passant au-dessus des épis, semblait flotter sur une mer calme et verdoyante qu’une brise légère faisait mollement onduler. Il entrait dans les fermes par la barrière de bois plantée dans les talus qu’ombrageaient deux rangées de hêtres, et saluant par son nom le paysan : « Bonjour, mait’ Chicot », il lui tendait son journal le Petit Normand. Le fermier essuyait sa main à son fond de culotte, recevait la feuille de papier et la glisTexte publié dans Gil Blas du 24 juin 1884, puis publié dans le recueil Contes du jour et de la nuit.
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