Cornelius a lapide
PREMIERE PARTIE :
CORNELIUS A LAPIDE ET LE RENOUVEAU DU SPIRITUALISME ERASMIEN.
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La culture gréco-latine dans l'œuvre de l'exégète et théologien Cornelius a Lapide
CHAPITRE I POESIE PROFANE ET EXEGESE BIBLIQUE.
1) La sagesse païenne de Cornelius a Lapide
Du monde de la Bible à celui des auteurs profanes, Corneille de La Pierre - à la suite de ses aînés, mais avec moins de scrupules - tisse tout un réseau d’interférences. Les commentaires de Cornelius diffèrent profondément de ceux des exégètes qui lui sont contemporains, quant à l’utilisation des poètes profanes de l’antiquité. Alors qu’un exégète comme Serarius se contente de donner un savoir du texte en tant que tel, lui ajoutant peu de choses, Cornelius partant du sens littéral ouvre à la lecture des aspects moraux, dogmatiques, patristiques, du passage commenté. Il n’est ainsi pas fermé à l’allégorisation. Bien au contraire, son commentaire, dit le dictionnaire de théologie catholique, «est surchargé d’interprétations allégoriques». Il distingue quatre principaux sens dans l’Ecriture : le sens littéral, qui raconte les faits ; le sens allégorique, qui indique ce que l’on doit croire ; le sens tropologique ou le sens moral, qui indique ce qu’il faut faire ; le sens anagogique, qui indique ce que l’on doit espérer. Ces quatre sens sont ainsi délimités dans l’œuvre même de Cornelius : «La Sainte Ecriture se lit en quatre sens: le sens Littéral, le sens Allégorique, le sens Tropologique ou encore sens Moral - et le sens Anagogique; Lyrannus les définit en ces quelques vers dans son introduction à la Bible: La lettre t’enseigne les faits; ce que tu dois croire ( plus précisément du Christ et de l’Eglise) c’est la part de l’Allégorie. La Morale t’indique ce que tu dois faire; ce qu’il te faut espérer te vient de l’Anagogie» (1) On ajoute à l’Ecriture sainte, dit Cornelius, un cinquième sens, le sens accommodatif