Corpus de texte crusoé
Introduction:
Les textes suivant sont, Robinson Crusoé de Daniel Defoe écrit en 1719, La Ville, images à Crusoé de Saint-John Perse écrit en 1904, Suzanne et le Pacifique écrit par Jean Giraudoux en 1921 et Vendredi ou les Limbes du Pacifique de Michel Tournier en 1967. Nous allons étudier comment chaque auteur apporte les modifications nécessaires à leur texte pour différer de l’original. Seul sur une île déserte et en proie à l'inquiétude dans la version originale de Defoe, Robinson tâche rapidement de ne pas perdre la notion du temps et use pour ce faire d'une organisation sans faille. Conscient qu'il lui faut entretenir ce qu'il lui reste du monde civilisé, il décide d'écrire son journal et construit en conséquence table et chaise.
Mais cet insulaire forcé rejoint la ville dans le texte de Saint-John Perse. L'île déserte n'est alors plus qu'un souvenir dans lequel se plonge, nostalgique, ce Robinson urbanisé : la nuit est propice au voyage de retour : « Tire les rideaux , n'allume point » (l. 3). Une telle réminiscence implique que Robinson soit parvenu à sortir de sa situation.
Toujours préoccupé par l'organisation du quotidien, comme il l'était dans la première version, soucieux de créer table et chaise pour manger et écrire, il devient un véritable artisan dans la version de Giraudoux. Les objets confectionnés sont nombreux et parfois insolites comme ces « dix espèces de panier » (l.10). Plus encore il incarne à lui seul l'homme de la civilisation à venir, celui du Xxème siècle qui produit énormément et oublie le nécessaire au profit du luxe. Sorte de surhomme, qui ne souffre pas ni de la solitude ni de ses deux principales conséquences, il est toujours « agité » (l. 17) Plus encore, alors qu'il suscitait la sympathie des individus qui prenaient connaissance de sa situation, cet homme indépendant et hyperactif est dépeint comme peu fréquentable : « le seul homme peut-être (…) que je n'aurais pas aimé rencontré dans une île.