Sonnet à calliste, malherbe
Le sonnet que nous allons étudier a été écrit par Malherbe et fait partie d’un ensemble de poèmes intitulé Les heures de Caliste, publié en 1620 dans le recueil Délices de la poésie française. Ce poème a sans doute été écrit en 1617, au moment où Malherbe était vainement épris de la vicomtesse d’Auchy. Poète officiel du roi Henri IV, il fut un auteur charnière entre le XVIe et le XVIIe. Jusqu’à la fin du XVIe, il pratique une écriture surchargée d’images, d’inspiration nettement baroque. Mais peu à peu, cherchant l’équilibre, il se tourne vers une doctrine de la modération fondée sur la raison annonçant alors le classicisme. S’opposant aux poètes de la Pléiade, qui, pendant la Renaissance, avaient voulu enrichir la langue, Malherbe désire l’épurer, la rendre plus claire. C’est ainsi qu’il a, selon les mots de Boileau "réduit la Muse aux règles du devoir».
Nous verrons ainsi que, bien qu’inspiré d’une expérience personnelle, ce sonnet représente le modèle de l’idéal classique. En effet, l’éloge de la femme et l’expression des sentiments devient prétexte à l’écriture poétique et en devient un exercice de style plus qu’un cri d’amour passionné.
Développement :
I/ Un éloge de la femme
a) Un portrait classique sous forme de blason
Pour montrer la beauté de Caliste, M évoque les parties de son corps dignes d’éloge. Cela rappelle une autre forme poétique à l’honneur au XVe et au début du XVIe siècle : le blason. Il s’agissait en principe de chanter, en le décrivant avec éloquence au fil des vers, le corps de la femme aimée.
Genre mis à la mode par Clément Marot, qui le pratiqua en même temps que l’ironique « contre-blason », le blason est très fréquent à cette époque. « Blasonner » devint d’ailleurs un verbe à la mode pour désigner l’exercice poétique qui, chez d’autres poètes, servit encore à la description de plantes, d’animaux, de pierres, de météores et même de villes de France. Ici le « teint » (v. 5), la « bouche » (v. 6), la « gorge »