Au XVIIème et XVIIIème siècle, à la suite des grandes découvertes, les moralistes classiques et philosophes des Lumières inspirés par les récits de voyages s'intéressent progressivement aux mœurs de certains pays. Le portrait de la Cour de Jean de La Bruyère extrait des Caractères publié en 1696 s'intéresse particulièrement à la monarchie française sous Louis XIV. Parmi les textes du XVIIIème siècle, Dialogues de M. le baron de la Hontan et d'un sauvage dans l'amérique, le contraste entre le sauvage et l'européen met en nette évidence les vices de la civilisation européenne. Le dernier texte, extrait du conte philosophique de Voltaire, L'ingénu publié en 1767, fait la satire de l'administration française à travers le regard naïf du personnage principal, l’ingénu. Comment les auteurs dénoncent-ils les travers du régime politique et les moeurs de la population française au XVIIème et XVIIIème siècle? Après avoir étudié la visée commune qui réunit ces trois textes, nous analyserons les différents procédés que les auteurs utilisent. Si ces textes n'appartiennent pas à la même époque, le XVIIème siècle pour le texte A et le XVIIIème siècle pour les textes B et C, ni au même mouvement littéraire, le classicisme et les Lumières, ils présentent en revanche la même visée, le même but: celui du regard étranger sur les mœurs d'un pays presque inconnu ou bien qu'il visite. La naïveté de L'ingénu dans le texte de Voltaire « je viens parler au roi, je vous prie de me mener dans sa chambre » (l 6-7), le regard étranger qu'adopte La Bruyère « ce peuple paraît adorer le Prince » (l 19) et celui du sauvage d'Amérique dans le dialogue de La Hontan sur la cour du roi Louis XIV font ressortir les vices de la monarchie française. De plus, ce procédé de « l'œil neuf » permet à ces trois auteurs de mettre en évidence les travers du régime politique, mais pas seulement, cela leur permet aussi de transmettre leur pensée au sujet de la religion, du comportement du peuple, de l'excès de