correspondances
Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, l'univers est égal à son vaste appétit.
Àh! Que le monde est grand à la clarté des lampes!
Aux yeux du souvenir que le monde est petit!
Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, le coeur gros de rancune et de désirs amers, et nous allons, suivant le rythme de la lame, berçant notre infini sur le fini des mers :
Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; d'autres, l'horreur de leur berceaux, et quelques-uns, astrologues noyés dans les yeux d'une femme, la Circé tyrannique aux dangereux parfums.
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent pour partir ; coeurs légers, semblables aux ballons, de leur fatalité jamais ils ne s'écartent, et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
Étonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Dites qu'avez-vous vues. ?
nous avons vu des astres et des flots ; nous avons vu des sables aussi ; et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.
Et puis, et puis encore ?
O cerveaux enfantins !
Pour ne pas oublier la chose capitale, nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché, du haut jusques en bas de l'échelle fatale, le spectacle ennuyeux de l'immortel péché
La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, sans rire s'adorant et s'aimant son dégoût ; l'homme tyran goulu, paillard, dur et cupide,
Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout
Le bourreau qui jouit, le martyre qui sanglote ;
La fête qu'assaisonne et parfume le sang ; Le poison du pouvoir énervant le despote,
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;
baudelaire
Harmonie du soir
Voici venu les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir :