Cosmétique de lennemi
« Ce n’est que le premier mort qui compte. C’est l’un des problèmes de la culpabilité en cas d’assassinat (…) » (p. 24)
« Je vous disais que l’être humain est une citadelle et que les sens en sont les portes. L’ouïe est la moins bien gardée des entrées : d’où votre défaite. »(p. 40)
Vous avez vu comment vous abordez les gens ? Vous en êtes incapable autrement que par la violence. La première fille que vous avez désirée, vous l’avez violée. » (p. 58)
Étrange manière pour nouer une relation que de dire à celui que l’on rencontre qu’on a violé sa femme. De plus, le tueur a besoin de se décharger de son secret et de convaincre par moult arguments, le mari devenu veuf qu’il est aussi l’assassin de sa femme.
« Et quel paradoxe : ce n’était pas le criminel qui était recherché, mais la victime. » (p. 63)
Comment prouver à un perturbé mental qui s’acharne à vous confier sa vie, que ce n’est pas une relation normale ?
« (…) connaître quelqu’un c’est vivre avec lui, parler avec lui, dormir avec lui, et non le détruire ? » (p. 83)
L’énigme reste entière. Et en plus, le tueur demande au mari de le tuer pour se venger, mettant celui-ci dans une position délicate. Amélie Nothomb a l’art et la manière d’entraîner le lecteur dans une situation ambiguë puisqu’il ne sait plus ce qui est vrai et ce qui va advenir.
La logique du veuf n’est pas celle du tueur :
« Vous tuer ne me rendrait pas ma femme. » (p. 88)
Alors le tueur se justifie, s’explique crûment :
« (…) j’ai détesté la tuer. Et j’en éprouve une culpabilité insupportable. » (p. 91)
Le tueur supplie qu’on le tue par pitié car il veut oublier :
« Le remords est une faute supplémentaire. » (p. 97)
Au beau milieu de ce suspense, Amélie Nothomb quitte l’histoire pour nous expliquer calmement ce qu’est la « Cosmétique de l’ennemi », titre