Cour philo
Que l'on parle de la justice comme institution collective ou comme la vertu de l'homme juste, ce terme implique toujours l'idée une rigueur rationnelle. Un homme juste, c'est un sage, presque un sait, qui observe tous ses devoirs, sans compromission ni défaillance. Quand la raison s'applique aux sciences, son idéal est objectivité, la justesse. La même exigence se nomme justice quand elle concerne les actes. Rectitude, droiture, définissent une ligne géométrique, mais aussi la conduite de l'homme juste. Néanmoins, la conduite de l'homme juste, celui qui agit avec justice, revêt une dimension morale A ce titre, Leibniz définit, dans son Codex juris gratium diplomaticus, la justice comme « la charité du sage ». D'emblée, cette définition fait de la justice une vertu qui dépasse le simple respect des devoirs ou la simple conservation d'un ordre social donné. La
charité, en tant que justice, revêt la forme de l'amour, la caritas, et se propose de prendre autrui pour fin, de lui faire du bien à travers une action fondée en raison, guidée par la sagesse. La justice action fondée en raison. Cette définition de la justice fait toutefois problème. Poser la justice comme « charité du sage », c'est faire de celle-ci une vertu personnelle, celle du sage, ayant pour condition un sentiment, donc quelque chose de subjectif et de particulier contraire aux critères de l'action raisonnable. Comment penser alors la présence de cette vertu personnelle au sein de la pluralité humaine ?Peut-on penser une charité publique qui permettrait de réguler les rapports sociaux? est donc définie comme une bienveillance désintéressée qui vise le bien d'autrui à travers une
cette définition de la justice donnée par Leibniz. Dans sa Lettre à Arnauld du 23 mars 1690, Leibniz écrit : « Que la charité est une bienveillance universelle, dont le sage dispense exécution conformément aux mesures de la raison, afin d'obtenir le plus grand bien. Et que la