L'Afrique dans le sillage des grands états émergents

Parmi les problématiques les plus courantes que l’on rencontre aujourd’hui, on trouve celle-ci : quels sont les atouts du continent africain au regard du chemin parcouru par les grandes économies émergentes du Sud en matière de développement, que ce soit en Asie ou en Amérique latine ? On répond souvent à cette question en affirmant que l’Afrique peut beaucoup en apprendre, mais qu’elle devra le faire à un rythme très soutenu.

Deux thèses cohabitent et se développent en parallèle à propos de la situation actuelle de l’Afrique. Le débat africain reflète la complexité des réalités du terrain. Il existe des raisons d’espérer et d’être optimiste. Mais il y a également des raisons d’être inquiet.

Avant tout, il faut avoir conscience des succès économiques. Au cours de la décennie écoulée, le PIB du continent a crû en moyenne de 5,2 % par an, et six des dix économies à la plus forte croissance dans le monde appartenaient à l’Afrique.•1 Cette année, la moitié des 30 pays à la plus forte croissance seront situés en Afrique, d’après les prévisions du FMI. Deux d’entre eux se placent même en tête de la liste.•2 Certains experts prédisent qu’au cours des cinq années à venir, l’économie africaine croîtra plus vite que son homologue asiatique.•3

Les projections actuellement disponibles estiment que le PIB de l’Afrique augmentera de 5,5 % en 2012.

Ces prédictions ont généré une certaine euphorie économique, qui est naturellement bienvenue, mais qui ne devrait néanmoins pas nous faire oublier l’autre réalité africaine — celle des défis complexes concernant la sécurité des populations. Des poches de conflits de faible intensité perpétuent l’instabilité sur le continent. De plus, malgré une croissance économique très rapide, l’Afrique connaissait en 2009 un taux de chômage deux fois supérieur à celui de l’Asie, et son poids dans le PIB mondial ne dépassait pas en 2011 un maigre 3,97 %, contre 5,65 % pour