Cours du 15 octobre
Quelle est la réponse la plus instinctive à la question posée ?
Oui, faire son devoir, c’est renoncer à sa liberté.
Comment s’expliquerait-on instinctivement ?
Quand on fait son devoir, on ne fait pas ce qu’on aimerait faire, on laisse de côté ses intérêts, parfois on fait des sacrifices jusqu’à sa vie, et ce pour faire ce qu’il faut faire. C’est en ce sens qu’on renonce à sa liberté : on renonce à faire ce que l’on veut, à ce que l’on aimerait faire. Un exemple, on dira qu’aller voter, c’est faire son devoir de citoyen : aucune loi ne nous oblige à le faire (en France), mais nous le faisons, quand bien même on aimerait faire autre chose ou qu’on en voit pas l’intérêt.
Comment pourrait-on développer cette idée avec le texte de Nietzsche1 ?
[…] La moralité n’est rien d’autre (et donc, surtout, rien de plus) que l’obéissance aux mœurs, quelles qu’elles soient ; or les mœurs sont la façon traditionnelle d’agir et d’apprécier. Dans les situations où ne s’impose aucune tradition, il n’y a pas de moralité ; et moins la vie est déterminée par la tradition, plus le domaine de la moralité diminue.
L’homme libre est immoral en ce qu’il veut en tout dépendre de lui-même et non d’une tradition : pour toutes les formes d’humanité primitive, « mauvais » est synonyme d’« individuel », « libre », « arbitraire », « inhabituel », « imprévu », « imprévisible ».
Toujours selon les critères de ces civilisations primitives, si l’on agit non parce que la tradition le veut mais pour d’autres motifs (par exemple l’intérêt personnel), et même pour les motifs qui ont précisément fondé autrefois cette tradition, l’action est taxée d’immoralité et son auteur lui-même la considère ainsi : car elle ne résulte pas de l’obéissance à la tradition.
Nietzsche, Aurore
On peut rapporter cette opposition entre faire son devoir et agir librement à une opposition plus générale entre morale et liberté : agir moralement, c’est renoncer à agir