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c) L’autonomie morale
Conformément à son étymologie grecque, le mot « autonomie» désigne la condition d’un individu ou d’un groupe capables de se déterminer par eux-mêmes, et possédant le droit de se gouverner par leurs propres lois. A la notion d’autonomie s’oppose le concept de minorité. Est mineur l’individu sous tutelle incapable d’agir suivant un jugement personnel ou de se conduire seul. Est majeur, celui qui agit par son propre jugement. L’autonomie revêt un sens moral et politique. L’autonomie morale apparaît comme la capacité d’un homme d’agir en suivant la raison indépendamment de ses intérêts particuliers. Si le désir renvoie les hommes à leur subjectivité singulière et à leurs intérêts antagoniques et divergents, la raison revêt un caractère universel. En faisant abstraction de leurs désirs, les hommes deviennent capables de rejoindre un idéal d’universalité. Ils sont capables d’établir une loi universelle par leur propre volonté ou d’adopter des maximes qui sont valides parce qu’elles le sont pour tous les autres individus rationnels. Selon Kant, dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, une loi moralement juste ou correcte doit être capable de résister à l’épreuve d’universalisation. Elle se présente sous la forme d’un impératif catégorique qui s’énonce ainsi : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle ». Si la maxime selon laquelle nous agissons peut être universalisée sans contradiction, alors l’action envisagée est moralement permise ; si elle ne peut l’être, cette action est interdite. Ainsi l’impératif catégorique fournit-il la norme de l’action moralement juste, c’est-à-dire qu’il a la fonction d’un principe d’évaluation morale. En se montrant capable d’accomplir un devoir susceptible d’universalisation l’homme témoigne de liberté. En s’obligeant à respecter un devoir universalisable, l’homme prouve qu’il est capable d’agir