Cours sur la philosophie augustinienne
Les Confessions de S. Augustin Synthèse du cours (3) : Première partie (suite) Les années d’apprentissage. L’éloignement de Dieu (L. I-VI)
2. Intérieur/extérieur : l’exemple du langage Augustin inscrit sa conception du signe dans le schème intériorité/extériorité qui structure également, dans une large mesure, la théorie de la connaissance. Le signe est la manifestation extérieure d’une intériorité, et dans cette mesure il est à la fois nécessaire et insuffisant. Il est nécessaire en raison de la position médiane de l’homme à mi-chemin entre le matériel et le spirituel, et il est insuffisant voire dangereux car il n’a qu’une valeur d’usage mais court toujours le risque de se transformer en sa propre fin. Il faut donc limiter le langage à sa stricte valeur de médiateur entre l’intérieur et l’extérieur, en prenant garde à ne pas en rester au niveau du signe. Ce danger est exemplifié dans Les Confessions par le thème de la rhétorique. On étudiera successivement la théorie du signe (à travers la question de la genèse du langage) ; le statut de la rhétorique ; et la question de la prière comme dépassement du langage. a. La genèse du langage. Augustin explicite le statut du signe comme interface entre le sensible et l’intelligible dans un passage célèbre des Confessions, L. I, chap. 8, où il étudie l’acquisition du langage par l’enfant. Ce texte se situe dans le contexte de la description par Augustin de son enfance. Il faut être sensible au contexte qui décrit la dimension théologique de l’enfance : l’enfance n’est pas l’âge de l’innocence mais déjà de l’iniquité comme en attestent les caprices (qui ne sont d’ailleurs pas propre à l’enfant). Après l’enfance, vient l’âge de la pueritia, caractérisée par l’acquisition du langage. Or, cette acquisition du langage est encore motivée par l’iniquité : il faut acquérir les moyens de manifester plus précisément ses désirs (cf. le chapitre suivant enchaîne sur