Crise financiere
L’Union européenne face à la crise financière
Nicolas VÉRON
Si la finance internationale est aussi vieille que le capitalisme, en revanche l’émergence d’institutions publiques chargées de veiller sur les flux financiers internationaux date de moins d’un siècle. L’impulsion initiale est venue des États-Unis, en grande part pour tenter de régler des problèmes européens. La plus ancienne institution financière internationale, la Banque des règlements internationaux (BRI), a été établie à Bâle en 1930 dans le cadre du Plan Young pour assurer le règlement des réparations allemandes de la première Guerre mondiale (un plan du reste rendu largement obsolète par les États-Unis eux-mêmes l’année suivante avec le moratoire Hoover). Les institutions de Bretton Woods, Fonds monétaire international (FMI) et Banque mondiale, procédèrent de même d’une impulsion américaine, même si le rôle des négociateurs britanniques et notamment de John Maynard Keynes dans leur mise en place est bien connu. L’OCDE, localisée en Europe, a de même été mise en place à l’instigation de Washington en 1948, initialement pour accompagner le déploiement du plan Marshall. Jusque dans les années 1960, les États-Unis ont été les plus ardents promoteurs d’une architecture financière internationale. Les années 1970 ont marqué un renversement, avec un engagement croissant des Européens compensant en partie un abandon progressif par les États-Unis des principes multilatéralistes de Roosevelt, Truman, Eisenhower et Kennedy. En 1974, l’Agence internationale de l’énergie naît du cerveau fertile d’Henry Kissinger face au choc pétrolier, mais la création du G7 découle de l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing à la conférence de Rambouillet en 1975, en écho à la fin du système monétaire de Bretton Woods. Depuis, les Européens ont été moteurs dans la mise en place de