Crise financière et développement durable
Article pour la revue « Annale des mines »
Alain Grandjean
Février 2008
La crise financière actuelle[1] qui semble s’inscrire « naturellement » dans une série de crises est sans doute la plus violente depuis les années 30. Mais elle intervient dans un contexte nouveau : les enjeux environnementaux deviennent déterminants au plan géopolitique et économique. On ne peut exclure que la crise écologique se conjugue avec la crise financière et alimente une crise économique dans un contexte social difficile. Cette situation pourrait et devrait susciter des réformes d’ampleur comparable à ce que le monde a connu entre les deux guerres avec le retour de la régulation publique. Nous proposons ici quelques pistes de réforme qui permettrait de remettre monnaie et finance au service du développement durable, inversant ainsi la direction prise depuis le tournant néolibéral des années 1970.
La majorité des analystes financiers se rassurent et tentent de rassurer l’opinion en affirmant que les « fondamentaux économiques » sont bons. Cet avis est pour le moins discutable : les indicateurs économiques classiques (le CAC ou le Dow Jones, le PIB) suffisent-ils à caractériser les fondamentaux d’une économie ? La crise pourrait être aggravée par une situation économique fondamentalement fragile du fait des tensions croissantes sur l’énergie, les matières premières et les ressources naturelles. Plus généralement, les risques systémiques dans la période actuelle sont très élevés : la pression sur les ressources naturelles, les risques sanitaires, les risques de catastrophe climatique, comme en Chine en janvier 2008, les risques terroristes, tous ces enjeux peuvent se composer et accroître la crise de confiance actuelle. Il est d’ailleurs très probable que la même crise déclenchée en période de tension pétrolière forte –inévitable dans les prochaines années, au vu de l’arrivée prochaine du « peak oil »- aurait sans doute été non