Crises cycliques malgaches : mêmes causes, mêmes effets
MÊMES CAUSES, MÊMES EFFETS
Par Erick Rabemananoro
Titulaire d’un master de science politique, Erick Rabemananoro prépare actuellement une thèse consacrée aux crises politiques malgaches. Il est déjà l’auteur de travaux se penchant sur ce sujet, dont un mémoire universitaire sur les « Limites de la diplomatie coercitive dans la résolution d’une crise » (Lyon III), et un ouvrage sur la « Modélisation d’un système d’analyse permettant l’anticipation de crise politique violente à Madagascar »
(CEDS-Madagascar).
L
e 26 juin 2010, Madagascar a commémoré le cinquantenaire de son retour à l’indépendance 1 en plein contexte de crise politique.
Durant cette période, neuf Chefs d’État ont exercé le pouvoir : Philibert Tsiranana 2, Gabriel
Ramanantsoa, Richard Ratsimandrava, Gilles
Andriamahazo, Didier Ratsiraka 3, Albert Zafy,
Norbert Lala Ratsirahonana, Marc Ravalomanana, et Andry Rajoelina 4.
l’État ont eu affaire à une alternance en dehors du cadre prévu par la Constitution en vigueur, soit pour arriver au pouvoir, soit pour le quitter
(voir tableau 1, p. 59). On notera cependant une exception à cette règle : Norbert Lala Ratsirahonana n’est pas arrivé au pouvoir par une crise politique violente, mais à l’issue de l’empêchement du Pr Albert Zafy en 1996, et il l’a quitté à la suite d’une défaite électorale.
Depuis 1960, Madagascar n’a jamais connu de transmission du pouvoir à la fin d’un mandat normal. En dix décennies, le pays n’a jamais pu instaurer une culture de l’alternance paisible,
« substitut non violent à la révolution » et qui
« caractérise aujourd’hui les démocraties qui fonctionnent » 5. Il y a certes eu des départs du pouvoir dans des conditions paisibles à la suite d’une défaite électorale, mais les scrutins correspondants ont été organisés par des Transitions, qui, elles-mêmes, ont été générées par des crises politiques 6. Par conséquent, au cours de leur carrière, tous ceux qui ont eu