Critique cruche cassée
« On a bien ri » affirme le public à la sortie du Grand T, ce lundi 03 mars 2008, après la représentation de La Cruche Cassée, de Heinrich von Kleist, l’une des seules comédies allemandes du 19e siècle. Une pièce comique, a-t-on dit ? Peut-être bien, étant donné le ridicule de l’histoire et sa scénographie. En effet, comment un juge un peu lourdaud à l’aspect louche et l’accent belge, contraint d’établir une audience - pour une cruche cassée - dont il est le coupable, peut- il nous laisser impassible ? Ses manœuvres pour accuser à tord l’amant de sa belle et se débarrasser du conseiller de justice - pour finalement se faire démasquer - nous font rire et l’on est rapidement pris par l’histoire. Montée par Frédéric Bélier Garcia, l’affaire est bien jouée. Les facéties du diabolique juge Adam (Jan Hammenecker), de son greffier Lumière (David Migeot), et de Ruprecht (Emmanuel Guillaume), fiancé à la victime Eve (Noémie Dujardin), sont parfaitement grotesques, on en redemande encore. On aime les regards fuyants entre les personnages qui comblent des dialogues bien interprétés, tout comme la possession de la servante Louise (Christelle Comil) par le diable, qui nous laisse sans voix. Et nul n’ignore l’importance du décor au théâtre ! Ce petit rien qui donne une touche de modernisme au jeu. Ici, une estrade surmontée d’un bureau, là, une vieille boite à musique, au fond, une porte qui s’ouvre et se referme sans cesse, laissant s’engouffrer la neige et le vent qui hurle dehors. Des poutres qui tombent à chaque fondement, manquant d’assommer l’odieux justicier ; et ce micro à la répartie sarcastique qui surprend et provoque le rire chez le spectateur, cette scène qui s’avance et se retire ! Rien n’est oublié, tout nous amuse. On ressort de la salle le sourire aux lèvres, et à la question « comment était-ce ? » on répond « on a bien ri