Critique des Droits de l'homme par Pierre de Clorivière
CENTRE D'HISTOIRE ET D'ANALYSE POLITIQUE
Actes du Colloque Lyon 1989
Ouvrage publié avec le concours de l'Université de Lyon III
Chapitre VIII
Bertrand Verny la déclaration des droits de l'homme vue par P. de CLORIVIERE
II est trois heures du matin. Un homme est en train de se lever. Il possède un beau visage de vieillard. Ces traits sont ceux d'un homme énergique. Mais ses gestes transpirent la bonté. Son regard est lumineux, chaleureux, indulgent, il met la main sur la poignée de la porte, sort de sa chambre, emprunte le couloir et le petit escalier qui mène à la chapelle. Le froid est vif mais ça ne l'arrête pas. Arrivé dans la chapelle, il trempe le bout de ses doigts dans l'eau bénite glacée, fait un signe de croix, avec tant d'attention qu'on croirait que c'est son premier, fait une génuflexion et s'avance en direction de l'autel. Contrairement à son habitude il s'agenouille au milieu de la balustrade en face du tabernacle. Ce matin là, le 9 janvier 1820, notre homme aura une visite au Saint-Sacrement courte, au bout de peu de temps il fléchit sur lui-même. Deux frères, Pierre de Clorivière est religieux, le reçoivent dans leurs bras. Mais s'en est fait, à 84 ans ce prêtre qui a commencé sa journée devant la Présence Réelle, est allé rejoindre Celui qu'il aimait et pour lequel il avait lutté toute sa vie.
La vie de ce prêtre n'est pas banale. Il a connu de près la Révolution. Et puis surtout, il l'a étudiée, en insistant sur la Déclaration des Droits de l'Homme. Nous découvrirons d'abord le contemporain et ensuite le juge de la Révolution.
Le père de Clorivière contemporain de la Révolution.
Pierre Picot de Clorivière est né en 1735 à Saint-Malo. Son père avait fait ses études au collège Louis-Le-Grand où il avait été condisciple de Voltaire. Sa mère, Thérèse Trublet de Nermont descendait d'une famille ancienne et cultivée de la bourgeoisie malouine, dont un des membres avait appartenu à