Critique du film coagulate
[Coagulate] Roumanie, 2008, Mihai Grecu. Durée : 07’00
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Coagulate, court-métrage onirique, nous emmène dans un voyage à travers l’eau. Là, où les limites physiques et les lois naturelles de notre monde cartésien n’existent plus. Mihai Grecu nous plonge dans un monde ou les êtres vivants deviennent les seuls repères stables par opposition aux objets qui, contrairement à notre réalité, évoluent constamment de manière inhabituelle. Les couleurs se mélangent, les lignes se tordent, s’estompent, se transforment le tout mis en exergue par un fond sonore profond, palpitant, tridimensionnel. Plongé dans cet univers chatoyant, qui attire et repousse ; qui fait d’un mythe la réalité et de la réalité un mythe, le spectateur perd toute notion de l’immuabilité des lois apprises dès son enfance. Il ne sait plus qui il est, ce qu’il est. Il est « tout », « partie », ou « partie d’un tout ». Qui sait ?
Jeune cinéaste percutant mais aussi artiste perfectionniste, Mihai Grecu étudie dans ce film la beauté de la lenteur et la tendresse du mouvement. Le rythme prend le pas sur l’image qui n’en perd pas pour autant toute sa densité, sa signification dans l’incommunicable. Dans ce maelstrom déroutant de son et d’images, le spectateur perçoit une suite logique de tableaux alternant la vision que Grecu se fait de l’eau comme source de vie et de l’air comme élément aboutissant à la mort. Il exprime sa perception de l’eau, symbole de vie dans un silence quasi absolu, le spectateur devient un fœtus niché dans le ventre de sa mère. Grecu exprime sa perception de la mort, lorsque sorti du sein maternel, il nous plonge brusquement dans l’air comme le poisson tiré de son bocal dont on entend la respiration violente. L’effet est saisissant et donnerait à réfléchir si le rythme du film en laissait le temps. Meurt-on quand on naît ? La question mérite d’être posée car elle remet en cause nos croyances les plus