Critique sur les déterminants de la consommation
Traditionnellement, l'analyse économique traite le consommateur comme un agent final. C'est un individu qui gagne un certain revenu, est doté d'un certain nombre de besoins ou de désirs qu'il essaie de satisfaire en achetant sur le marché un certain nombre de biens et de services, dans la limite du pouvoir d'achat qui est le sien. Bien que, conformément au postulat de départ de toute la théorie économique, ce soit un être rationnel, calculateur et maximisateur, son rôle est très passif. Il se contente d'agencer son « panier » (basket) d'achats en fonction de l'intensité de ses besoins, entre lesquels il effectue une série d'arbitrages compte tenu, d'une part, des sommes d'argent dont il dispose; d'autre part, des prix qu'il doit payer pour obtenir les biens et services qui satisferont ses désirs.
Moyennant quoi, la théorie économique prend les besoins et les désirs comme des données exogènes. Les économistes laissent aux sociologues et aux psychologues le soin d'expliquer comment se forment ces désirs, et comment ils évoluent. Leur seul problème est d'analyser comment l'appareil de production répond aux modifications de la structure des besoins. Un point c'est tout. On ne se demande pas s'il existe des interrelations entre la façon dont se forment ou évoluent les revenus et précisément cette structure des besoins. Les comportements de l'individus vis-à-vis du travail, de l'éducation, de la santé, etc., sont considérés indépendamment de ses attitudes de consommateur et ses choix de consommation. L'Homo rationalis de l'économiste est alors bel et bien cet homme tronçonné, découpé en rondelles, dont Jacques Attali a dénoncé la caricature dans son livre L'Anti-économique.
En 1964, Gary Becker publie la première édition de son traité: Human Capital, a Theoretical and Empirical analysis. L'année suivante paraît dans l'Economic Journal son article « A Theory of the Allocation of Time ». Bien que fondées sur un ensemble de