« Cosmétique de l’ ennemi » quelle titre de livre étrange? "La cosmétique, ignare, est la science de l'ordre universel, la morale suprême qui détermine le monde. Ce n'est pas ma faute si les esthéticiennes ont récupéré ce mot admirable." D’emblée le titre énonce une discussion philosophique mais énoncée par un ennemi.

Le roman se présente sous la forme d’un dialogue dans la salle d’attente d’un aéroport entre Jérôme August qui attend son avion et Textor Texel qui aborde ce premier de manière importune. Ce dernier s’incruste auprès de Jérôme qui n’a aucune envie de converser et commence à lui raconter sa vie: de l’assassinat de son ancien camarade de classe , son appétit pour la nourriture pour chat ainsi que le viol puis l’assassinat de la même femme tant aimée. Tout au long du récit, Textor nous fera part de son sentiment de culpabilité éprouvé lors de ses actes monstrueux, sans oublier ses déchirures intérieurs sur la religion ainsi que sa philosophie de la vie basée sur le jansénisme ( la prédestination).
Les contradictions entre les deux personnages s’accentuent au fur et à mesure des pages et le ton monte. La morale outragée de l’homme d’affaire (Jérôme) doit faire face à l’immoralité la plus morbide. Le roman s’achève sur un coup de théâtre: nous apprenons que toute la conversation n’était en réalité tenue que par une seule et unique personne. Ce n’était en réalité qu’un débat avec sa propre conscience.

Le lecteur est tenu en haleine tout au long du roman: que cherche réellement cet individu qui dévoile à un inconnu son passé criminel et pourquoi avoir abordé Jérôme August en particulier? Les réponses à toutes ces questions ne sont apportées au lecteur qu’à la fin du récit, l’intrigue est conservée et la chute est réussie pour ce livre d’Amélie Nothomb. «Cosmétique de l’ennemi» se déroule selon un rythme bien précis d’où le titre bien évidemment. Rien n’est du au hasard, chaque réplique trouve son sens lors de la révélation finale « Dès le