Critique d'exposition photo Antoine Dagata
Antoine d’Agata, ANTICORPS
Au Bal du 23/01/13 au 07/04/13
Le monde d’Antoine d’Agata est un flux d’image, de matières, de sensations, et de sentiments. Ces clichés sont des morceaux arrachés, ils surviennent et surgissent au cœur de l’épisode qui est en train de se vivre, emportant avec eux la vie la plus intime des modèles.
Il s’aventure dans les contrées les plus démunies, ou se côtoient prostituées, dealers et délinquants. C’est dans cette souffrance, sociale autant que sexuelle, qu’il puise son énergie – et ca se sent. La photographie de d’Agata reste marquée par la violence chaotique des gestes effectués, hors de contrôle, elle n’est là que pour enregistrer des lambeaux de chairs, une chaire animée, torturée, violentée et droguée. Il s’immisce de manière radicale dans l’épaisseur du monde afin de témoigner de l’aliénation de ces existences privées d’espoir.
Son œuvre est un ouvrage politique, ou l’on distingue deux régimes d’image différents ; les « images de nuit » qui se mêlent avec l’intime et les « images de jour » qui introduisent un contexte historique (Auschwitz, Libye, Cambodge…). Pas de complaisance, pas d’idéalisation, pas de compassion non plus, mais la prise en compte de faits bruts, frontaux. Il raconte ainsi ses errances sexuelles et narcotiques, à travers des séries saisissantes, d’ou surgit la mouvance des corps, distordus et déformés par le flou, presque indéfinissable sans les quelques points de repères – un téton, une jambe - que l’on devine. Ici, d’Agata n’occupe en aucun cas la position de voyeur et ne retranscrit pas des scènes exhibitionnistes. A travers leur brutalité, leur crudité et leur violence, ses photos critiquent explicitement le monde pornographique.
Une intensité énorme se dégage de ses photos, qui dépeignent un