Croire estce renoncer à l'usage de la raison ?
Introduction
Lorsque Pascal écrit que « le cœur a ses raisons que la raison ignore », ne veut-il pas signifier que la raison est limitée, inopérante en ce qui concerne les « vérités du cœur », objets de croyance et non de savoir ? Dès lors, croire, est-ce renoncer à l’usage de la raison ? La raison, faculté critique et justificatrice, semble contraire à la croyance qui suppose une adhésion directe, dénuée de remise en cause. La croyance s’oppose-t-elle radicalement à la raison, peut-elle s’installer contre ce que la raison considère comme vrai ou bon ? Ou bien peut-on considérer que le « renoncement » à l’usage de la raison n’exclut pas les fondements rationnels de la croyance ?
I. La croyance manifeste une absence de savoir
A. La croyance précède-t-elle l’usage de la raison ?
Les enfants sont parmi les plus enclins à la croyance. S’ils sont si crédules, c’est peut-être que leur esprit critique n’est encore qu’en germe, voué à devenir effectif par le biais de l’éducation. La croyance précède alors l’usage de la raison, mais ne suppose pas qu’on y renonce : on ne renonce qu’à ce que l’on possède déjà. Ainsi, dans les Méditations métaphysiques, Descartes entreprend de sortir de la croyance pour fonder un savoir issu de sa raison : « Sitôt que l’âge me permit de sortir de la sujétion de mes précepteurs, (…) j’apprenais à ne rien croire trop fermement » afin de « me défaire des opinions reçues jusqu’alors en ma créance » ? La croyance ne renonce pas à l’usage de la raison, mais le précède.
Cependant, un être capable de raisonner peut croire. Comme le souligne Hobbes, « la plupart des gens, bien qu’ils aient quelque peu l’usage du raisonnement, (…) n’en font pourtant que peu d’usage dans la vie courante ». La croyance guide nos actions, certes, mais cela, signifie-t-il pour autant qu’elle refuse de recourir à la raison ?
B. Les croyances provisoires
Certaines croyances n’impliquent pas un renoncement