Croissance et consommation
1509 mots
7 pages
“Le but de l'économie n'est pas le travail, mais la consommation”. Ces mots de l'économiste français Alfred Sauvy paru dans Le Plan Sauvy (1960) plongent quiconque les lit dans une réflexion plus ou moins poussée sur l'adéquation entre développement de l'économie et consommation. Dans la perspective de Sauvy, la croissance économique, c'est-à-dire non seulement l'accroissement durable du Produit Intérieur Brut en tant qu'indicateur de dimension mais aussi, dans une optique davantage qualitative, le processus complexe d'évolution de l'économie sur le long terme, est le fruit de l'unique besoin naturel et inévitable qu'est la consommation. En effet, le travail n'est qu'un moyen d'assouvir la nécessité de consommer, soit d'utiliser des biens ou des services en entraînant, à plus ou moins long terme, leur destruction. Mais la consommation est-elle systématiquement synonyme de croissance économique? N'existe-t-il pas de conditions dans lesquels la consommation peut-être nuisible à l'équilibre économique?
De prime abord, nous montrerons que la consommation est incontestablement un facteur moteur de la croissance économique. Nous expliciterons par la suite le rôle clé de cette même consommation au lendemain des crises, en période de reprise. Mais, bien que ce phénomène soit indispensable à la croissance, nous discuterons, en dernier lieu, les risques que constitue un abus de consommation et dégagerons, de ce fait, l'importance de l'épargne pour une croissance économique durable.
Jusqu'aux années 1780 pour la Grande-Bretagne et 1810-1820 pour le reste de l'Europe occidentale, les économies des sociétés du vieux continent sont des économies de pénurie; la quasi-inexistence du phénomène de consommation est associée à une croissance extrêmement faible (de l'ordre de 0,1%) voire inexistante. La première révolution industrielle apparue, à ces dates, a constitué un réel essor de la production de biens industriels boostant de ce fait l'économie mais sans que celle-ci soit