Introduction : Ecrit en 1909, le poème Crépuscule apparaît dans la revue Les Argonautes en même temps que Saltimbanques. Ce poème est dédié à Marie Laurencin, peintre et décoratrice française. Elle publia des poèmes, notamment Les Marges et c’est par la poésie qu’elle fit la connaissance d’Apollinaire et de Picasso. De cette rencontre naîtra avec Apollinaire une liaison aussi passionnée que tumultueuse qui dura de 1905 à 1912. Dans le recueil Alcools, Crépuscule est situé entre « Chartre » et « Annie ». Comme « Chantre » Crépuscule est un poème très mystérieux et comme « Annie » il évoque un personnage féminin et un amour impossible. C’est un poème élégiaque qui s’inscrit dans le cycle rhénan. Le poème se compose de cinq quatrains d’octosyllabes à rimes placées un peu au hasard d’une strophe à l’autre. On note l’absence de ponctuation, car seul le rythme du vers suffit. Le titre est marqué de prime abord par le déclin du jour et donc par la mort, ces éléments renvoient peut-être à cet amour perdu avec Marie Laurencin. Le cadre de ce poème est indéfini, le temps est un présent qui confère à la scène un caractère atemporel. Nous verrons par quel procédé Apollinaire parvient-il implicitement à évoquer ses propres sentiments tout le long du poème et comment le mariage d’éléments contraires préside à la structure du poème. En effet, ce poème présente un monde fait de vie et de mort ; de jour et de nuit ; de lumière et d’ombre ; de grand et de petit ; de féminin et de masculin ; de jeunesse et de vieillesse…Ce va et vient dialectique a pour contexte le déroulement d’une fête foraine qui se situe à mi-chemin entre la réalité et le rêve.
Premier quatrain : Le souvenir de l’amour perdu : l’arlequine personnage complexe
Tout d’abord, nous pouvons dire que le titre instaure la tonalité du poème puisqu’il évoque l’heure indécise entre le jour et la nuit. Etymologiquement le terme crépuscule vient de crepusculum qui signifie : douteux, incertain. Cependant