culture et humanité
Introduction
Le mot « culture » est polysémique. Il recouvre en effet trois sens différents qu’il faut savoir distinguer et articuler :
-Dans un premier sens, proprement moderne que Rousseau va développer dans son Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes, la culture désigne un passage. Passage de l’état de nature à l’état de société ; passage par des épreuves constitutives de notre conscience et de notre désir qui ne se développent pas naturellement ; épreuves que nous ne pouvons pas ne pas traverser. Que l’on naisse en Asie ou en Corse, nous traversons des épreuves communes qui dessinent notre humanité en la diversifiant. En ce sens bien précis, un petit d’homme qui arrive au monde ne peut devenir qu’un homme (il ne peut pas naitre biologiquement chat ou chien !) puisqu’il dispose d’UN PROGRAMME GENETIQUE d’homme mais un homme qui se trouve privé d’altérité humaine ne peut développer ses PROMESSES GENETIQUES. Il ne peut même pas développer son aptitude au langage qui s’abolit au bout d’un certain nombre d’années. Nous savons aujourd’hui que ce sont nos expériences et nos cultures qui permettent l’expression de certains gènes ou l’inhibition de certains autres. L’homme est génétiquement homme mais en même temps, mille hommes différents selon son façonnement affectif, maternel, familial et social. On oppose ainsi volontiers la culture à la nature comme l’acquis à l’inné, à ceci près que notre culture façonne notre nature et nos acquis modifie l’expression de ce qui est inné.
- Dans un second sens, le mot culture désigne un détour. En effet, c’est au sein d’une culture donnée que nous traversons ces épreuves et que celles-ci se spécifient. En ce sens bien précis, une culture apparaît comme un dispositif sans lequel nous ne pourrions satisfaire nos besoins, nos désirs, ni nos amours ! Par sa ritualisation de nos affects, sa codification de nos relations, sa verbalisation de nos idées et sa temporalisation de notre présence, une