Parmi les progrès de l’esprit humain les plus importants pour le bonheur général, nous devons compter l’entière destruction des préjugés, qui ont établi entre les deux sexes une inégalité de droits funeste à celui même qu’elle favorise. On chercherait en vain des motifs de la justifier par les différences de leur organisation physique, par celle qu’on voudrait trouver dans la force de leur intelligence, de leur sensibilité morale. Cette inégalité n’a eu d’autre origine que l’abus de la force, et c’est vainement qu’on a essayé depuis de l’excuser par des sophismes. Nous montrerons combien la destruction des usages autorisés par le préjugé, des lois qu’il a dictées, peut contribuer à augmenter le bonheur des familles, à rendre communes les vertus domestiques, premier fondement de toutes les autres, à favoriser les progrès de l’instruction et surtout à la rendre vraiment générale, soit parce qu’on l’étendrait aux deux sexes, avec plus d’égalité, soit parce qu’elle ne peut devenir générale, même pour les hommes, sans le concours des mères de famille. D’après Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1793)
Entre los progresos de la mente humana más importantes para la felicidad general, tenemos que contar la destrucción total de los prejuicios, que han establecido entre los dos sexos una desigualdad de derechos funesta, precisamente, para aquél a quien favorece. En vano buscaríamos motivos para justificar dicha igualdad mediante las diferencias de la respectiva organización física de ambos sexos o de la que nos esforzáramos en hallar en la fuerza de su inteligencia, de su sensibilidad moral. El origen de esta desigualdad no ha sido otro que el abuso de la fuerza, y si más tarde se ha intentado disculparla ha sido en vano y mediante sofismas. Mostraremos hasta qué punto la destrucción de las costumbres autorizadas por el prejuicio, y de las leyes que éste ha dictado, puede contribuir a aumentar la