Ouvrez vos cahiers et écrivez « dictée ». Je prends ma plume et d’une main calme, je m’exécute. Je lève la tête et vois tous les regards rivés sur les copies. Personne ne bouge, on attend le début de la dictée. Delac, plus maniaque que jamais, a mis sa main pour cacher ce qu’il écrit. Je vois son voisin lever la tête, l’observer, puis devant le ridicule de Delac, il laisse échapper un soupir et se remet au travail. Alors que nous sommes attentifs à ce que M. Brulé nous raconte, le vent s’engouffre dans les rideaux qui s’ouvrent comme par magie. La pénombre bleutée fait place à une lumière aveuglante. Quelques cris de surprise se font entendre. Nous levons tous la tête, même Delac qui était pourtant très concentré. Nous nous rendons à la fenêtre pour assister à cette balle de break qui oppose Mme Grand, la maîtresse de mathématiques, face à Mme Chelem, la maîtresse d’histoire. Le silence règne dans la classe pour ouïr la conversation. « … il m’a insulté ! _ Ce n’est pas une raison pour lui infliger une telle correction, vous auriez dû agir autrement ! _ Expliquez-vous ? _ Je l’aurais emmené voir le directeur. _ Sur le fait, je n’y ai pas pensé. _ C’est trop pour revenir en arrière. Vous vous expliquerez avec ses parents. _ Comment ? Avec ses parents? _ Oui, ils ont demandé un rendez-vous. _ Que vais-je leur dire? _ La vérité ! » M. Brulé, en colère, demande à Delac de fermer les rideaux. Le petit Lucas et moi commençons à le pousser, et la classe en fait de même. M. Brulé les ferme et envoie Delac au bonnet d’âne car il a désobéi. Il lui donne au passage trois coups de règles et un zéro. Le maître reprend la dictée. Delac se morfond à l’idée qu’il ait