Dadaisme
Dans l’esprit de ses jeunes promoteurs, le dadaïsme n’est pas un énième mouvement esthétique, destiné à prendre place dans une longue lignée où figurent déjà symbolisme, cubisme ou futurisme, mais bel et bien une liquidation de la conception traditionnelle de l’art, encore trop tournée à leur goût vers l’objet, vers l’idéal et vers la virtuosité technique. Né de la progressive déconstruction de la représentation artistique et de cet accélérateur de particules qu’est la guerre, leur démarche s’inscrit dans la rupture et le scandale. Par son nom d’abord, « dada », terme absurde, ironique, dérisoire, choisi au hasard par le groupe en feuilletant un dictionnaire, qui évoque le balbutiement répétitif du jeune enfant. Par son projet, ensuite, qui vise à subvertir les notions même d’art et d’œuvre, et, par-delà, tout l’édifice social (plusieurs dadaïstes berlinois sont proches de l’extrême gauche révolutionnaire). Par ses formes, enfin, qui cherchent à dynamiter joyeusement les limites des modes d’expression traditionnels (peinture, dessin, poésie, théâtre,