Susie avait manqué sa vie. Elle passait ses jours à boire sur un vieux sofa décrépit qui avait l'honneur d'être le seul meuble dans la caravane où elle habitait. Susie attendait son chèque par la poste avec impatience, à chaque fin de mois.

David était en train de manquer sa vie. Né d'une famille pauvre, il n'a jamais eu de chance. À quinze ans, il doit se vendre pour survivre. Ses espoirs se noient dans la perversité de ses clients. David se demande pourquoi vivre.

Susie réussit tant bien que mal d’amasser un peu d'argent dans sa vie quotidienne. Elle le dépense majoritairement sur de l'alcool, parfois un peu de cannabis. Mais deux fois par année, elle recherche le fruit défendu.

Lorsque David a une cliente au féminin, il se sent plus naturel, plus enthousiaste. Il entre dans la caravane, endroit vil et sale, parsemé de bouteilles vides. Sa cliente lui désigne un vieux sofa.

Susie ne pense pas à demain. Susie n'a pas de protection. Un plaisir furtif, suivie d'une somme médiocre placée dans les mains tremblantes d'un adolescent. Cela est assez pour Susie. Elle ignore la course acharnée qui se produit déja dans son corps.

David collecte son maigre butin, heureux de savoir qu'il pourra manger se soir. Ses pas incertains le guide à travers les rue dangereuses d'une ville à communauté dis fonctionnelle. David errera encore pendant cinq ans, puis s'inscrira dans l'armée.

Susie se réveille avec un bébé entre les jambes. Ce fut son troisième. Les deux autres, dont les pères étaient des collègues de David, étaient morts peu après leur naissance, négligés par Susie. Mais pas celui-ci. Né du chaos, le nouveau né