Des juristes plus humains
Parmi les couches urbaines favorisées, au contraire, le nombre de ceux qui commencent à débattre de la peine capitale est en augmentation. Pour les riches, ce n’est pas un sujet majeur, mais l’un de ces faits qui marquent le « retard » de la Chine. Et qui suscitent des critiques à l’étranger : voilà qui n’est pas bon pour les affaires… Les démocrates, de leur côté, s’opposent en général à la peine de mort, mais ils forment pour l’heure une minorité infime et peu influente.
Plus important encore : un nombre croissant de juristes, soucieux de donner un sens humain et une légitimité à leur profession, sont partisans de limiter, voire de ne pas appliquer, la peine capitale. La critique filtre dans les éditions et les revues professionnelles, souvent au travers de traductions (Robert Badinter est publié par une grande maison d’édition juridique). Les avocats s’activent. Parmi les élèves-magistrats, la position sur la peine de mort est floue,
mais critique : on est hostile aux pratiques inhumaines qui l’entouraient dans la Chine maoïste et, au minimum, partisan d’en réduire l’application. On s’oppose aussi à l’attribution de la « peine de mort avec sursis », supposée faciliter des pratiques de « réforme de la pensée », c’est-à-dire de lavage de cerveau. Parmi les juristes plus installés, les opinions sont plus prudentes, mais on souhaite tout de même des évolutions.
Le réformisme en matière de peine de mort est moins puissant que celui qui marque la réflexion en matière pénitentiaire – probablement parce que l’exécution coûte moins cher que les prisons ! Malgré tout, la pénétration d’idées « libérales » dans les professions juridiques est un phénomène important. En effet, ces professions se sont beaucoup consolidées. Les avocats sont méprisés, mais riches et de plus en plus présents partout. Les juges ont réussi à consolider leur position contre la Sécurité, en partie par le biais du renforcement des parquets, dont une fonction est de