Devons nous devenir libre?
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La reconnaissance d’une liberté inaliénable de l’individu est au fondement des systèmes juridiques modernes. Elle postule une « liberté naturelle », autrement dit un état originel dont nous jouissons si rien ne nous en empêche. Mais qu’en est-il en fait ? Suffit-il d’être réputé libre pour l’être effectivement ?Si être effectivement libre n’est pas immédiatement donné, alors cela suppose une acquisition progressive, autrement dit un apprentissage. Il y a un contradiction, du moins à première vue, à lier apprentissage et liberté, parce que le fait d’apprendre nécessite la règle, la discipline, et la rupture avec la spontanéité immédiate : donc une forme de contrainte.Admettre ce lien n’est-ce pas du même coup reconnaître que le sentiment immédiat de la liberté n’est pas la vraie liberté? Autrement dit que ce sentiment est une illusion ? Comment comprendre, au-delà du principe de droit, le rapport de l’individu à sa propre liberté ?Les Déclarations des droits de l’homme affirment que les hommes « naissent libres et égaux en droit ». Comme tout énoncé juridique, elles ne formulent pas un constat mais une norme, qui exprime une conception de ce que doit être une vie d’homme pour être véritablement humaine. La liberté est donc une condition fondamentale, universelle, de toute vie humaine : fondamentale parce qu’elle précède toutes les règles juridiques qui peuvent la limiter, non la supprimer ; universelle parce qu’elle ne dépend pas des particularités du talent ou du caractère, sans parler de la race etc…On parle alors de « liberté naturelle » de l’être humain.À quelle expérience concrète correspond cette liberté naturelle ? Dire que les hommes sont « naturellement » libres, c’est reconnaître que l’aspiration à la liberté est inscrite en tout être humain. Inversement, tout état de servitude, d’oppression ou de contrainte est estimé contre-nature. Cette aspiration universelle à la liberté, les humains la partagent avec tous les êtres vivants : au point qu’une des