Diderot, jacques le fataliste
3297 mots
14 pages
Deux personnages, un valet et son maître, chevauchent plus ou moins paisiblement sur des routes, vers une destination qui restera inconnue, s'arrêtent dans des auberges, devisent à bâtons rompus : questions philosophiques, souvenirs intimes, anecdotes... Au fil de leur voyage, d'autres individus de rencontre y vont aussi de leurs récits, et voilà que s'ouvrent de nouveaux tiroirs, qui multiplient les niveaux temporels et les registres, ou confondent allégrement la réalité et la fiction. Par-dessus tout, un narrateur souverain ne cesse d'intervenir, proposant au lecteur un étrange pacte narratif. Dès l'incipit du roman, le ton est donné : avec arrogance, le narrateur affirme sa liberté de démiurge et s'emploie à saper les fondements mêmes de l'illusion romanesque. Nous comprenons que nous avons affaire à un jeu neuf qui échappe ironiquement à la classification des genres : c'est à la fois un roman à la ligne picaresque et une gerbe de récits allant de la nouvelle au conte, qui peuvent s'amenuiser jusqu'à l'anecdote ou le bon mot, truffée d'une série d'essais de morale ou d'esthétique, où le génie de Diderot s'exerce au sermon, à l'oraison funèbre, à la fable, au portrait, à la dissertation. L’extrait que nous allons étudier est la fin de l‘histoire, de la page 297 « Eh bien ! Jacques, voilà comme tu me soignes ! » à la page 304 « et qu’il s’endormait ». Ce passage peut être découpé en trois grandes parties, qui, elles-mêmes seront découpées en sous parties. La première grande partie va de la page 297 « Eh bien ! Jacques, voilà comme tu me soignes ! » à la page 300 « je me suis trompé. » ; la deuxième partie, de la page 300 « L’éditeur ajoute » à la page 303 « c’est lui qui nous a sauvé la vie à tous… » et enfin, la troisième partie ou épilogue, de la page 303 « quelques jours après » à la page 304 « et qu’il s’endormait ». Ces trois grandes parties seront traitées en fonction des grands thèmes abordés par Diderot, tandis que les sous parties traiteront des