Diderot La Religieuse
La religieuse
BeQ
Denis Diderot
La religieuse
La Bibliothèque électronique du Québec
Collection À tous les vents
Volume 823 : version 1.0
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Du même auteur, à la Bibliothèque :
Le neveu de Rameau
Les deux amis de Bourbonne
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La religieuse
Édition de référence :
Librairie Alphonse Lemerre, Paris, 1925.
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Notice
Diderot n’est pas seulement une des plus grandes figures du XVIIIe siècle ; c’est l’une des plus curieuses et des plus diverses. Il a tout aimé, tout compris, depuis la philosophie jusqu’aux arts mécaniques, en passant par les lettres ; il a touché à tout. Il n’est point étonnant qu’il ait été le créateur et le zélateur principal de l’Encyclopédie, puisqu’il était une encyclopédie lui-même. Sa vie et son génie ont eu le même caractère aventureux et passionné, avide de se répandre de toutes les façons. C’est ce qui le rend à la fois si attachant et si difficile à saisir dans la multiplicité des aspects sous lesquels il nous apparaît. Il naquit à Langres, en 1713, d’une famille d’artisans. Depuis des siècles, les Diderot étaient couteliers de père en fils, mais il avait été décidé qu’on ferait du jeune Denis un ecclésiastique : il devait succéder au bénéfice d’un oncle homme
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d’église. Dans cette intention, on le plaça à neuf ans chez les jésuites de Langres ; à onze ans, il recevait la tonsure par provision. Ses maîtres mirent tout en œuvre pour l’attirer à eux. Ils y réussirent presque, puisqu’il essaya de s’enfuir de
Langres pour courir à Paris s’enfermer dans une de leurs maisons. Mais son père veillait. Le néophyte fut remis aux mains des excellents maîtres du collège d’Harcourt.
Il était à Paris, selon son désir. Il y fit de solides études, tout en scandalisant ses professeurs par les incartades de son esprit déjà très livre. Il ne devint pas prêtre ; il entra chez un procureur, où il apprit, outre le droit, l’anglais, l’italien et les mathématiques. Mais