Dieu est-il mort ?
« En renonçant à la foi chrétienne, on se dépouille du droit à la morale chrétienne. Celle-ci ne va absolument pas de soi (…). Le christianisme est un système, une vision des choses totale et où tout se tient. Si l'on en soustrait un concept fondamental, la foi en Dieu, on brise également le tout du même coup : il ne vous reste plus rien qui ait de la nécessité. »
— Le Crépuscule des idoles, Incursions d'un inactuel, §5.
C'est pourquoi dans l'aphorisme 125, l'insensé s'adresse non pas à des croyants mais plutôt à des athées — après la mort de Dieu (un évènement consommé : Dieu est mort) le problème est de contrecarrer le nihilisme, i.e. la perte du sens et des valeurs en l'absence d'un ordre divin.
La mort de Dieu est une manière de dire que l'être humain n'est plus capable de croire en un pareil ordre cosmique, par le simple fait qu'il ne pense plus que cet ordre est même possible. Nietzsche prétend que la mort de Dieu va mener au rejet non seulement de la croyance en un ordre cosmique ou physique, mais également au rejet des valeurs absolues en tant que telles, i.e. au rejet de la croyance qu'il existe un système de lois morales totalement « objectives » et universelles, valide pour chaque individu. En ce sens, cela mène au nihilisme, et c'est ce problème que Nietzsche tentait de résoudre en réévaluant les fondations des valeurs humaines. Cela, pour Nietzsche, signifiait qu'il fallait aller plus loin, i.e. au-delà des valeurs chrétiennes que personne n'avait osé contourner, suspecter ou critiquer.
Nietzsche