Discour de vautrin
BalzacBalzac a commencé d’écrire Le Père Goriot en septembre 1834. C’est l’époque où il conçoit l’organisation de sa matière romanesque selon le génial principe des regroupements en Scènes, puis en Études. Une lettre du 3 octobre 1834 à Madame Hanska nous révèle les linéaments de ce qui deviendra en 1842 la Comédie humaine.
Publié d’abord dans la Revue de Paris en quatre livraisons les 14 et 28 décembre 1834, les 18 janvier et 1er février 1835, puis en volume le 11 mars au cours de la même année, ce roman peut paraître disparate. En effet il comporte trois intrigues apparemment distinctes et parallèles :
Le parcours aventureux d’un jeune ambitieux à Paris, Le triste destin d’un père de famille qui s’est ruiné pour ses filles, Les intrigues du mystérieux Vautrin.
Pourtant cette complexité foisonnante de l’existence et cette étude sociologique du Paris de la Restauration organisée autour des deux pôles de la pension Vauquer et des beaux quartiers aristocratiques, sont composées selon une unité secrète. Balzac croise les fils de ses intrigues multiples grâce aux va-et-vient de Rastignac entre deux mondes qui s’ignorent. Plus subtilement encore, les thèmes de la paternité et de son corollaire, la filiation, font de cette œuvre un roman d’initiation majeur du XIXe siècle.
La critique y a majoritairement perçu une étude de la paternité sans doute parce que le titre invite à considérer Jean-Joachim Goriot comme le personnage principal, et que son patronyme est précédé de l’épithète père. Pourquoi alors reconsidérer la thématique essentielle d’autant plus que la question posée pourrait passer pour la version littéraire du verre à moitié vide ou à moitié plein ? Les lecteurs pourraient en effet m’objecter que la paternité et la filiation sont les deux faces de la même réalité. Certes. Pourtant la filiation implique aussi la maternité. Nous pourrions ajouter qu’il n’est pas si sûr