Discours d'ouverture du congrès de la paix
Cette nation sera grande ce qui ne l’empêchera pas d’être libre
Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale.
Cette nation : elle s’appellera l’Europe
Elle s’appellera l’Europe au XXe siècle et aux siècles suivants.
Plus transfigurée encore elle s’appellera l’Humanité.
L’Humanité, nation définitive est dès à présent entrevue par les penseurs,
Ces contemplateurs des pénombres
Vision majestueuse.
Au moment où nous sommes, une gestation auguste est visible dans les flancs de la civilisation.
L’Europe une y germe. Un peuple est en train d’éclore. L’ovaire profond du progrès fécondé, porte sous cette forme dès à présent distincte l’avenir.
Cette nation qui sera, palpite dans l’Europe actuelle comme l’être ailé dans la larve reptile
Au prochain siècle, elle déploiera ses deux ailes, faites l’une de liberté, l’autre de volonté.
Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains.
Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Petersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens.
Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne.
Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées.
Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’assemblée législative est à la France !
Un jour